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Le semis des Hellébores, facile pour qui est patient

Le semis des Helleborus (x hybridus ou x niger) est, en climat québécois, quelque chose de simple, mais qui demande beaucoup de patience.

Le semis d’Hellébore : un passage intérieur parfois obligé

Les hellébores, appelées aussi roses de Noël en France et en Belgique, sont des vivaces extrêmement rustiques qui survivent facilement à des hivers rigoureux (-30° ou -35° avec un bon couvert neigeux). Au sortir de l’hiver, dépendamment des aléas, elles auront conservé une partie de leur feuillage et ne tarderont pas à fleurir. On pourra également voir de jeunes semis spontanés issus d’une pollinisation libre.

Mais, si on ne possède pas de plants mâtures, on peut obtenir facilement plusieurs jeunes plants à partir de graines. Malheureusement les graines de bons semenciers sont rares, et chères dès qu’il s’agit de parents sélectionnés. Le semis extérieur devient un « pensez-y bien » puisque le taux de réussite risque d’être faible et demander une année de plus.

Dans tous les cas, il faut s’armer de patience, car la première fleur n’apparaîtra pas avant 2 ans et plus souvent 3. Mais comme le bouturage et la division sont difficiles, le semis reste le moyen le plus économique pour obtenir une bonne quantité de plants qui donneront un impact magique dans votre jardin de mi-ombre. Que ce soit au printemps avec la très longue floraison ou plus tard, avec un feuillage majestueux, dont le vert perdure jusqu’à ce que la neige le recouvre, l’hellébore est une merveille du jardin ombragé.

Ce petit guide vous montrera la simplicité du semis et le peu de travail requis jusqu’à l’obtention de la première floraison. Patience est le maître mot, mais facilité est sa compagne.

Installation et matériel

Les hellébores prospèrent sous les climats frais. Donc, le 1er automne venu, pas besoin d’une serre intérieure chauffée et encore moins d’un tapis chauffant. Un bord de fenêtre au nord-est ou une pièce peu chauffée est suffisante. Il faut viser une température ambiante de 18° à 20° de jour, plus frais la nuit.

Pour une meilleure croissance, les tubes fluorescents T5 HO font une nette différence. Les tubes horticoles (ou pour aquarium d’eau douce) sont idéaux. On peut également utiliser des tubes T5 ordinaires ou des T8 qui font un travail correct.

Si la pièce est fraîche (15°), les tubes T5 apporteront, de jour, un réchauffement favorisant la croissance et, de nuit, les plants se renforceront. On obtient alors les conditions optimales. Pour un éclairage très efficace, les néons seront espacés de 15 cm et un programmateur permettra d’apporter 14 heures d’éclairage quotidien.

Semence, terreau, contenants

La levée des semis est une phase très longue (6 à 8 mois) car la graine nécessite une première maturation pendant l’été et une seconde levée de dormance grâce au froid automnal (équivalent de l’hiver européen). Avec l’automne nordique, il devient facile d’imiter cet hiver et ainsi anticiper sur sa fin, tranquillement à l’intérieur sous néon.

Étant donné le temps investi, il est important de se procurer des graines de qualité (par exemple Barnhaven) en s’assurant qu’il s’agit de graines fraîches, donc vendues à partir de la mi-juin, au plus tard en juillet-août, pour les semer dès leur livraison et profiter de la maturation naturelle en extérieur.

Pour le terreau, étant donné que les graines sont relativement grosses et que les plants resteront assez longtemps en place, un terreau à rempotage, style Promix BX ou Berger BM8 est parfait, On aura besoin aussi de vermiculite et éventuellement d’un peu de sable de rivière (1-2 mm).

Comme les plants ne seront pas repiqués avant presqu’un an (après semis), on utilise des pots ronds ou carrés de 8 cm (3 pouces) de large où pourront cohabiter plusieurs jeunes semis.

Le semis

Les pots sont remplis de terreau bien humidifié. On sème 4 graines par pot et recouvre de terreau (5 mm, ¼ de pouce). Une très fine couche de sable de rivière puis de vermiculite maintiendront le semis et empêcheront la croissance de mousses. Un dôme surélevé de plastique transparent permet enfin de conserver une bonne humidité.

Les stratifications

La nature organise généralement bien les choses et fait que les graines germent rarement aussitôt tombées au sol.

Elles ont une longue période où la germination est inhibée. Ceci évite que les plantules soient exposées à la sécheresse estivale ou à un hiver qui pourrait leur être fatal. La graine est alors en dormance. Il est parfois indispensable de simuler cette période de repos qu’est l’hiver, mais aussi l’été.

Pour les hellébores, c’est plus compliqué, car lorsqu’elles tombent au sol, les graines ne sont pas totalement mûres. Elles ont besoin de chaleur et d’humidité pour effectuer une première transformation interne.

Et la nature, prudente (lire des substances chimiques), empêche la graine de lever avant le printemps. Sinon, le semis ne survivrait pas au froid.

Donc, lorsque l’automne et l’hiver arrivent, de nouvelles modifications biochimiques permettront finalement à la graine de germer de façon sécuritaire… seulement au printemps suivant.

L’été

Pour la maturation estivale, il suffit de mettre les semis sous une ombre légère. On vérifie de temps en temps que les pots restent humides (on se fie au poids du pot). Dans le doute, on arrose, en s’assurant que l’eau ne s’accumule pas dans le bac de plantation. Après égouttement, on remet le dôme transparent. Si le temps est pluvieux, on peut laisser sans dôme, l’eau effectuera un lessivage naturel.

L’automne

On laisse les semis dehors jusqu’aux premières gelées un peu sévères (début à mi-novembre). Il ne faut pas que les pots gels de bord en bord, mais, il faut aussi que la température « hivernale » de notre lieu d’entreposage corresponde. Si c’est le frigo (+2°), c’est facile, si c’est un garage, il faut lui donner le temps de fraîchir.

L’hiver

Début à mi-novembre, on met donc les semis au frigo (ou dans le garage maintenu hors-gel) pour un mois.

Le printemps : levée des plantules

Même sous climat nordique, le printemps arrive début à mi-décembre… en remettant les semis sous néons (14 heures/24) à une température de 18 à 20°, toujours sous le dôme de plastique.

La levée pourra alors être très rapide (quelques jours) ou lente, jusqu’à 2 mois. La patience est toujours de mise.

En voyant leur tégument noir, brillant et lisse, il est évident que la protection du germe et des cotylédons est très coriace, la petite hellébore naissante semble souffrir à sortir de sa carapace. Il est donc important de garder une forte humidité : non seulement on laisse le dôme, on arrose les pots au besoin, mais on peut aussi vaporiser souvent. On peut aussi aider le germe avec une pince à épiler pour enlever le tégument, mais attention, prudence!

À la levée, les hellébores présentent 2 cotylédons verts (qu’on ne peut pas confondre avec de vraies feuilles).

Les semis d’hellébores sont très résistants à la fonte des semis et apprécient l’humidité sans modération. Donc, on peut laisser les dômes jusqu’à une levée complète (généralement plus de 80% des graines sont fertiles) et l’apparition de 1, 2 ou 3 feuilles. On surveillera l’arrosage, car 4 semis levés avec 2 ou 3 feuilles seront assez assoiffés, mais moins qu’un stade 2 cotylédons : on arrose par capillarité en déposant les semis dans un bac contenant 2 ou 3 cm d’eau.

Dès le repiquage et même quelques semaines avant le dôme de plastique devient inutile. En fait dès que les semis ont 2 ou 3 vraies feuilles.

Repiquage

Patience, les semis croissent lentement, les racines sont assez grosses et 4 plants cohabitent facilement 3-4 mois. Ceci sans risque d’abîmer les racines au repiquage.

L’idéal est de pouvoir attendre de faire le repiquage au moment d’acclimater à l’extérieur ou un peu avant.

On repique chaque semis dans un pot de même taille, même terreau qu’on pourra alors additionner d’un cinquième de compost et autant de terre agricole.

Engraissement – Arrosage

On peut commencer à engraisser les semis dès la levée, du moment qu’on dilue la dose préconisée au tiers du taux recommandé pour des plantes d’intérieur. Les engrais liquides à base d’algues ou de poisson sont excellents. On peut aussi utiliser de l’engrais soluble 20-20-20.

On arrose par capillarité, même après le repiquage, pour éviter de déchausser les racines. Il est important que le substrat soit toujours humide. Les jeunes hellébores aiment l’humidité, mais sans excès.

On peut commencer à arroser par le dessus dès que la rosette de feuilles est bien formées (4 à 6 feuilles).

Acclimatation extérieure

Dès que les grands gels commencent à s’éloigner, on aura hâte que nos hellébores vivent leur vie… d’hellébores (Eh oui, les primevères aussi). On profite donc des premiers redoux pour acclimater doucement les plants. Attention, pas de soleil direct pendant une semaine ou deux. Si du gel est annoncé, il faudra rentrer tous les plateaux pendant 2 semaines. Passé ce délai, vos plants seront endurcis et supporteront sans problème une gelée matinale.

Le premier hiver en climat (très) nordique (min -30 / -35°)

Il est conseillé de garder les semis en pots la première année et de leur faire passer un premier hiver dans un garage maintenu hors gel avec un éclairage 12h/24. Au printemps suivant, il sera alors possible de repiquer des plants vigoureux et nombreux au jardin. Mais sous un ciel plus clément, il est envisageable de mettre les semis bien développés dès la 1ère année en pleine terre.

 

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Ô temps, suspends ton vol !

J’aurai pu aussi choisir comme titre : « Je cours comme une poule pas de tête ». Mais, avouons-le, c’est moins romantique que ce début de vers de Lamartine.

Or, en ce solstice d’été, qui est aussi jour anniversaire de mariage, de Gervais et moi, c’est un bon moment pour s’arrêter un peu. Réfléchir. Après tout, c’est le jour le plus long. Alors profitons de ces quelques secondes supplémentaires.

Mon esprit revisite ces 6 (et +) derniers mois et je me dis qu’il s’en est passé bien des choses.

Cela a commencé par les semis à la mi-novembre, mais, là, rien de plus (ou à peine plus) que les années précédentes. Il faut bien s’occuper car l’hiver est long : le temps suspend vraiment son vol… au pire moment de l’année. Heureusement 2 visites françaises nous ont permis de réchauffer ces journées glaciaires.

Les voyageurs repartis, les semis croissant, il a bien fallu que je me rende à l’évidence : j’aurai bien plus de plants que je ne peux en mettre dans de nouvelles plates-bandes. Puisque j’y tiens étalage depuis 2 ans, je savais que je peux en écouler plusieurs dizaines à la vente des Herbos à Longueuil. Mes nouveaux amis de la Société Horticole et d’Environnement de la Matawinie étaient aussi une bonne cible pour donner des surplus que je ne me résigne jamais à mettre au compost.

Me vint alors l’idée salvatrice (pour moi et les plants) de créer ce blogue et cette micro-boutique. La technologie m’a beaucoup aidé pour rapidement mettre en place le site. Mon chum m’a épaulé pour les trucs un peu trop complexes. Barnhaven m’a autorisé gracieusement à utiliser leurs photos. Et la machine s’est mise en marche.

Mes amies et les gars aussi m’ont bien aidé à me faire connaître. Vous vous reconnaîtrez, merci à chacune et chacun d’entre vous.

Finalement, mon plus « gros client » m’a connu suite à une publication de Barnhaven, en France, alors qu’il habite à 45 minutes de chez nous…

Mais, mon but premier était, et reste encore, de faire connaître ce merveilleux monde des primevères. Je pense avoir réussi de ce côté, car je n’ai eu que de bons commentaires.

Actuellement, c’est le commencement de floraison pour les primevères estivales…

 » Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

(Alphonse de Lamartine)

Enfin, les contemplations (excuse Victor), ce sera dès que j’aurai fini mes 2 nouvelles plates-bandes pour accueillir mes petits-bébés.

Il sera alors le moment de se reposer à Métis-sur-Mer, les fesses sur un transat à regarder les bateaux sur le Fleuve. Ô temps…

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Les Hellébores, Roses de Noël ou de Carême

De quoi parle-t-on au juste ?

Quand j’étais jeune étudiant, mon premier contact avec le genre Helleborus (ou Hellébore) l’a été lors d’une herborisation dans un champ pas trop loin de Poitiers.

À l’époque, il n’était pas question de couper l’herbe sous les pieds d’un quelconque maghrébin soi-disant envahisseur comme le fit Charles Martel en 732. En ce Moyen Âge la religion musulmane n’existait pas, mais les arabes oui, et ils occupaient le sud de l’Europe. L’histoire française a toujours été celles d’envahisseurs et de reconquêtes. Mélangeant les cultures et les sangs souvent pour le meilleur.

Mais, je m’égare! On herborisait donc, notre Flore française de Gaston Bonnier d’une main, une fleur dans l’autre. Et devinez de quelle plante ? Eh oui, une fleur d’hellébore. Mais il ne s’agissait pas d’une de ces merveilleuses roses de Noël, mais bien de l’Hellébore fétide (Helleborus foetidus). Une fleur verdâtre qui, comme son nom l’indique, aussi bien en latin qu’en français sent mauvais, pour ne pas dire pue! La plante est toxique, oui ? Mais qui aurait envie de te manger quand tu sens aussi mauvais ?

Bref, pas un danger réel, mais quand ton approche est aussi désagréable, disons que très longtemps pour toi, l’hellébore, c’est : « Fuyons! ».

Au mieux, la Rose de Noël c’était la fleur d’hiver dont on se contente quand il n’y a plus une fleur pour garnir un autel ou faire une couronne mortuaire. À l’époque, les roses en plein hiver étaient bien plus chères voire inexistantes. Et même les Roses de Carême plus tardives n’avaient que peu de compagnes sur les autels, peut-être un peu de jasmin tout aussi oriental. Nous revoilà pris avec les arabes. Toutte est dans toutte, et les fleurs, tu les aimeras quelque soit son origine, comme l’humain.

Donc, quand 20 ans plus tard, des amies jardinautes te vantent  la beauté printanière d’une Helleborus niger ‘Onyx Odyssey’, tu penses qu’il n’y a rien là, sauf l’odeur. Jusqu’au moment où la jardinaute virtuelle devient une jardinière de chair et d’os un pot dans la main. Tu doutes encore, mais le virus se répand lentement dans tes veines. L’année suivante, tu es cuit. Tu achètes des semences et commence une longue torture. On y reviendra.

Helleborus hybride foncée double (Cloclo)

Les hellébores du jardinier : Helleborus x niger ou H. x orientalis

Il est donc question ici de croisements d’Helleborus niger et autres, toutes rustiques jusqu’à -30°. Et sans doute -35° avec un bon couvert de neige. Une plante magnifique qui fleurit souvent avant que le feuillage ne réapparaisse. En effet, sous notre climat quasi-arctique, la moitié du feuillage ne survit pas à la dureté hivernale. Cependant la floraison si longue et la vigueur de la croissance des feuilles pardonnent cet inconvénient. Elle fera toujours un magnifique contraste avec ses feuilles palmées à côté des feuilles pleines des Hostas. Et même lorsque la floraison est achevée depuis longtemps, j’apprécie le port des fruits. Elle se ressème d’elle-même, sans jamais devenir envahissante. Il suffit de gratter un peu pour que les semis disparaissent.

L’hellébore niger doit son nom à ses racines noires (je n’ai pas vérifié). Elle est assez petite (30 cm de haut) et plus fragile disent les français. Elle a aussi une floraison plus précoce, blanche à rosé. Mais, pour la précocité, on ne peut en juger au Québec, puisque de janvier à début avril, on est certain d’avoir une couverture neigeuse et une croissance nulle de tout végétal.

L’hellébore orientale, qui nous vient sans doute d’orient est plus tardive, plus grande (40 cm de haut) et plus robuste.

Mais, comme ces espèces sont cultivées et croisées depuis très longtemps, on devrait sans doute parler de Helleborus x hybridus ? Mais tout cela n’est qu’un problème d’étiquette.

Helleborus x hybridus « Barnhaven Apricot simple – Malvina Pin » (8031)

Comment obtenir des hellébores ?

Il est difficile de répondre à cette question. Dans notre Québec du nord de Lanaudière, je dirai :

  • Jardins Osiris
  • La Jardinière du Nord
  • O Jardin d’O

Ailleurs, au Québec, on en trouvera dans les bonnes pépinières. Il est important de magasiner très tôt au printemps. Généralement, à la réouverture des pépinières vous pourrez les voir en fleurs et juger sur pièce. Et bien sûr vous aurez un meilleur choix.

Mais il est impossible de trouver la diversité européenne ou même le choix de Colombie Britannique (Visitez le site de Phoenix Perennials à la mi-février, ils ont une énorme prévente qui vous sera livrée en mai).

Il faut reconnaître que malgré tous les soins qu’on leur donne, les plants croissent lentement et même si la division est théoriquement possible, je ne l’ai encore jamais pratiquée. Il faudra donc mériter votre hellébore. Le prix élevé est entièrement justifié, même si il y a une certaine variabilité dans les plants offerts.

La deuxième source d’obtention est celle par semis. Mais il s’agit d’être patient, car, du semis à la fleur, il faudra attendre 2 ans et demi, minimum. Cependant, même si vous n’en avez pas vous-même fait la pollinisation, vous aurez le sentiment d’en être le producteur, lorsqu’apparaîtra la première fleur. À 1 euro la graine à pollinisation manuelle, c’est un excellent investissement. Barnhaven est la place!

Enfin, les techniques s’améliorent et on peut espérer voir apparaître bientôt des plants obtenus par culture cellulaire. Ça rompt un peu le charme, mais si ça permet de populariser la plante, pourquoi pas ?

Semis Helleborus (6 semaines après le début de levée)

Essai de classification des hellébores hybrides

À ma connaissance, il n’existe pas de Société horticole dédiée au seul genre Helleborus, comme il en existe pour les Cyclamen, Hemerocallis, Hosta ou Primula. C’est dommage. Alors, il n’est pas facile de faire le tri parmi tous les cultivars proposés. Mais, aidé par Barnhaven, on peut essayer cette proposition à partir des caractères :

  • La couleur dominante

L’espèce niger apporte le blanc ou le rose clair, orientalis, les couleurs plus foncées, jusqu’au noir si recherché (bien que jamais atteint).

  • Blanc (ou crème)
  • Vert
  • Jaune (ou abricot)
  • Rose, rouge foncé (ou noir)
  • Couleur unie ou bicolore

La fleur est souvent unie, mais jaune et rouge ou vert et rouge se marient parfaitement.

  • Le nombre de pétales, simple ou double

Je dis pétale, mais il vaudrait mieux dire sépale. Car la fleur est immense grâce à des sépales. Cela lui permet d’être bien visible et, surtout, de durer plus longtemps. D’ailleurs, vous le remarquerez, en vieillissant ils deviennent verts, ce qui démontre bien leur qualité de sépales protecteurs.

Alors, tout est question de goût, beaucoup de jardiniers capotent, à juste titre sur les fleurs doubles. D’autres moins.

  • Le centre indifférencié, rouge ou coeur d’anémone

Les fleurs parfaitement unies, blanches, en vert, en rose ou très foncées sont magnifiques. Les blanches ou jaunes ont parfois un centre rouge, assez vif, sublime. Mais certaines ont ce qu’on appelle un cœur d’anémone, comme un superbe froufrou central. Ce sont des petits pétales bien développés qui donnent ce charme fou.

  • Couleur unie, picotée ou guttatus (taché)

Comme déjà vue, la couleur peut-être pure. Mais, on peut aussi voir un magnifique picoté (fines éclaboussures) ou guttatus (taches plus visibles)

  • Le port de la fleur

Si l’évolution a voulu que les fleurs d’hellébores soient tournées vers le sol, c’est pour qu’elles durent plus longtemps (plusieurs semaines), à l’abri des intempéries. Les photographes et les sélectionneurs essayent de plus en plus d’obtenir des fleurs dressées. Cela peut aussi être un critère de choix.

Voilà, il ne vous reste plus qu’à déterminer par laquelle vous allez commencer votre collection. Croyez-moi, elles sont aussi addictives que les Primula!

Pour aller un peu plus loin

  • à propos de Helleborus foetidus, un site poitevin à découvrir : Sauvages du Poitou
  • les semences de Barnhaven, à commander/réserver vers la fin juin : Site de Barnhaven
  • une commande postale vous tente : Catalogue en ligne de Phoenix Perennials
  • le semis intérieur des Hellébores : excellent article par votre hôte sur ce même site
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Le Sexe des Primula

Les primula ont-ielles un sexe ?

Il en va du sexe des Primula ou des primevères comme de toutes les plantes, les jardiniers et les filles aussi se posent sans arrêt la question : « Dois-je dire un ou une hosta ? Un ou une Primula ? »

Ce qu’on peut déjà dire, c’est que si on regarde une fleur de primevère, elle possède les deux sexes : elle a une étamine (et même plusieurs) qui fournissent le pollen, donc des cellules reproductrices mâles. Elle a aussi un pistil qui permet d’accéder à l’ovaire contenant les ovules, cellules reproductrices femelles.

On peut donc dire que chaque fleur possède les deux organes reproducteurs mâle et femelle, les primevères sont hermaphrodites. On devrait donc arrêter là.

Sauf que, « vocabulairement » parlant, ce genre à deux sexes n’existe pas en français. Il a existé, il y a très longtemps, mais le masculin l’a emporté, simplifiant ainsi la langue.

Hors sujet : Récemment j’ai découvert l’écriture inclusive, assez lourde, ma foi. Et encore plus récemment ce ielle (ou ielles au pluriel) qui est neutre : ielle fait le ménage, ielles vont au cinéma. Bizarre me direz-vous, au singulier surtout. Mais la société évoluant très vite, ielle sera peut-être courant un jour ? 

Les noms communs ont le sexe apparent

Pour les noms usuels, il n’y a aucun hermaphrodisme, on va dire une primevère, un rosier, une rose, un églantier, une églantine… L’usage fait le larron et plus souvent la larronne (eh non, ça n’existe pas une larronne, tant pis). Les fleurs sont souvent féminines, mais la plante en dessous est souvent masculine. Mais tout dépend de la taille de la plante et de son usage plus ou moins répandu. Pour les petites vivaces, on ne distingue pas la fleur de la plante. Et, l’avez-vous remarqué, plus la plante ou sa fleur est belle, plus elle se féminisera : un chardon, un plantain, un pissenlit, un coquelicot, un crocus, un narcisse ; mais, une pâquerette, une marguerite, une ancolie, une tulipe, une jonquille, une jacinthe. Mais pourquoi il y a-t-il des exceptions ? Un lys, le muguet, fleurs tellement belles et emblématiques, synonymes de royauté ou de bonheur.

Comme je n’ai aucune explication, on va arrêter là. Et si vous avez des idées, n’hésitez pas à les partager.

La théorie du genre

Non, non, on ne partira pas dans une querelle à la française, quasiment théologique sur cette théorie fumeuse. Car, en botanique, comme dans toutes les sciences du vivant, il n’y a qu’une seule (et 1ère) règle, le genre scientifique est masculin, on va donc dire un Carex, un Cyclamen, un Meconopsis ou un Sedum. Mais il faudra dire aussi un Bergenia, un Heuchera, un Hosta et donc un Primula. Le a final n’y fait rien à l’affaire. Eh oui, c’est comme ça.

Vous me direz, mais, en France, beaucoup de gens disent « une Hosta ». En fait, ils disent plutôt « une hosta », car ils utilisent le nom commun « hosta » et non le nom de genre « Hosta ». En effet, tous les noms scientifiques de genre commencent par une majuscule (2ème règle). La troisième est qu’on devrait toujours écrire un Primula, un Hosta. Eh oui, il faut réapprendre, les pleins, les déliés et les italiques. Car tous les noms scientifiques s’écrivent en italique pour les distinguer des noms communs. Ou du moins, devaient l’être. Moi-même, je l’oublie tout le temps.

On écrit donc un Hosta laciniata et une hosta laciniée. Enfin, c’est ce qu’on devrait faire.

Le sexe vécu

Eh bien, dans la vraie vie, faites-donc comme vous en avez envie, car on voit souvent pour une même plante l’usage du féminin ou du masculin. Rappelons-nous-le, la plupart des plantes herbacées sont hermaphrodites. Et pour les plantes monoïques (porteuses d’un sexe à la fois), on ne dit jamais, par exemple, « Oh, le bel houblon » ou « Ah, la belle houblonne », le ginkgo et la ginkgo. Pourtant ce serait justifié, non ? Un brasseur n’a que faire de Monsieur Houblon qui ne parfumera jamais sa bière. Un banlieusard se plaindra aussi de Mme Ginkgo car elle empeste sa pelouse avec ses ovules destinés à attirer les pollinisateurs.

Alors, inutile de me corriger si j’utilise indifféremment primula au masculin ou au féminin. La langue française manque juste un peu de neutralité. Et elle est tellement descriptive qu’on ne peut s’empêcher de masculiniser ou féminiser selon l’humeur ou le temps.

On ne rigole plus !!

Il y a tout de même un aspect botanique tout à fait intéressant chez les Primula. C’est le caractère lié à la disposition des organes mâles (étamines/anthères/pollen) par rapport aux organes femelles (pistil/ovaires/ovules).

  • Homostylie

Lorsque le pollen se retrouve à la même hauteur que l’accès au sommet du pistil, on parle d’homostylie. La fleur devient auto-féconde, n’importe quelle butineuse ou le vent passant par là fécondera facilement la plante avec son propre pollen qui, de ce fait donnera des descendants proches. C’est le cas de la P. japonica. Il y a plusieurs variétés : rouge, rosée ou blanche. Mais les semis seront souvent fidèles car les plants s’auto-fécondent et ne se croisent pas.

Voici les autres espèces homostyles : P. simensis, P. cuneifolia subsp. saxifragifolia, P. grandis, P. dumicola, P. klaveriana, P. septemloba, P. homogama, P. hookeri, P. prenantha, P. annulata.

  • Hétérostylie

Lorsque les anthères ne sont pas à la même hauteur que le pistil, on parle d’hétérostylie (ou fleur hétérostyle). Mais, comme vous êtes brillant.e, vous me direz, qu’il faut faire deux distinctions.

  • Les étamines sont au-dessus du style. Donc le style est court. On parle de fleur brévistyle.
  • Les étamines sont courtes et au-dessous du style, long par conséquent. La disposition est longistyle.

Dans les 2 cas, la fleur ne pourra être fécondée que par le pollen d’une autre fleur, elle est auto-stérile. Donc, si on laisse faire la nature, les descendants d’une fleur auront de grandes chances d’être génétiquement différents. L’humain doit donc intervenir pour créer des lignées.

Ce qui est bizarre aussi, c’est que le même plant portera à la fois des fleurs brévistyles et des longistyles. Encore une curiosité de la nature.

La plupart des espèces de primevères sont hétérostyles.

  • Certaines espèces présentes les 2 formes hétérostyle et  homostyle : P. obconica, P. chungensis, P. cockburniana, P. prolifera, P. halleri.

Voilà, on pourra se coucher moins niaiseuxeuses! Quoique, la marche est haute pour certain.

Dernier aparté : J’utilise à bon escient le terme « nom scientifique » et non « nom latin ». C’est que la nomenclature a peu à voir avec les romains. Elle s’inspire beaucoup de la langue latine, mais aussi de la langue grecque, et surtout les scientifiques ont créé beaucoup de latinismes, cette pratique très néoclassique qui consiste à latiniser les noms des découvreurs ou des personnes « hommagées » par ces découvreurs. Qui sait, un jour, j’aurai ma Primula vigotii, une primevère extraordinairement rare découverte sur les bords du Lac aux Requins, non loin du Petit-Sabazan.

 

 

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Les Primula sieboldii

La Primula sieboldii nous vient d’extrême-orient

La primevère Sieboldii doit son nom à un certain von Siebold qui introduisit cette plante en Angleterre au 19ème siècle. Mais, en toute honnêteté, elle devrait avoir un nom japonais, car c’est en extrême-orient qu’elle a connu ses premières heures de gloire, bien avant l’interminable règne de Victoria.

Dans la nature, elles se retrouve de la Sibérie jusqu’au nord du Japon, soit une répartition de plus de 1 600 kilomètres, au nord-est de l’Asie. Imaginez la même chose en Europe : c’est impossible. On la reconnaît à ses feuilles lobées, vert tendre et poilues sur les deux faces. On la distingue de la Primula cortusoides (dont elle partage la section des Cortusoides) par son oeil toujours blanc et non jaune. Dans la nature, la fleur peut varier entre le blanc, le rose, le magenta et le violet. De part sa répartition géographique, on déduit qu’elle apprécie les sols humides éventuellement tourbeux.

Elle étend son plant par stolons, rapidement dès lors qu’elle est dans de bonnes conditions. Mais, il suffit d’une sécheresse et le plant entrera en dormance. D’ailleurs, la littérature la décrit comme une plante de printemps qui perd son feuillage de la fin-juillet jusqu’à la mi-mai de l’année suivante. Au Québec, pourtant, dans mon jardin, à la mi-ombre, dans un sol humifère et toujours humide, elle n’est en dormance que… sous la neige, ce qui représente, tout de même plusieurs mois.

Ma première P. sieboldii

Ma passion pour les Sieboldii a commencé lors d’un échange de plantes en juin 2013. Et si je ne me rappelle plus les plantes que j’avais apportées, j’ai un très bon souvenir d’une magnifique primevère que j’ai choisie : sur l’étiquette, il y avait « Primula sieblodii hybride ». Un vrai bijou, sans nom de cultivar. Elle est du type « ronde », donc différente du cultivar le plus répandu ‘Snowflake’. J’espère, un jour, en faire une meilleure photo, elle le mérite vraiment, mais /$%&&%$ » que ce blanc est peu photogénique.

Primula sieboldii blanche ronde (19/06/2016)
Primula sieboldii blanche ronde (19/06/2016)

Il y a près de 5 ans de cela et je suis resté en amour avec cette plante si généreuse. Sa floraison dure longtemps, mais en plus elle s’étale généreusement ce qui fait que j’ai pu en offrir à plusieurs amies sans que le plant soit le moins du monde outragé. Un petit coup de petite pelle sur le côté, hop en pot, on rebouche le trou et il n’y paraît plus 3 semaines plus tard. Elle fleurit généreusement et plus tardivement que les primevères polyanthus. C’est donc un plus pour allonger la période de floraison de nos primevères.

Les semis

La division est aisée, mais on ne peut pas dire la même chose des semis. Je ne le conseille qu’aux plus passionnés, car le semis pousse tellement lentement qu’il tombe en dormance dès que votre pot a un peu chaud. Certes, les plantules ne sont pas mortes, mais plus rien de vivant n’apparaît au-dessus du sol. On croit tout mort, mais, en fait, on a bel et bien une petite rosette de racines, surmontées d’un œil : il suffit de gratter un peu pour s’en rendre compte. Mais, cela signifie qu’il faudra attendre 6 mois de plus avant de voir un feuillage réapparaître.

Et comme si la frustration d’une croissance lente n’était pas suffisante, il y a une grande variabilité parmi les semis effectués. Donc, au sein d’une dizaine de plantules, il n’y en aura que 2 ou 3 qui auront une floraison distinctive. Le reste sera plaisant mais ne vous pâmera pas.

Bien sûr, il ne faut pas acheter des semences non sélectionnées, la meilleure source reste Barnhaven qui effectue une pollinisation à la main et donne dès le départ de meilleures chances d’obtenir des plantes hors du commun.

Rondes ou dentelées ?

La principale variable des Sieboldii est la couleur, bien sûr : du blanc pur aux roses pastel ou franc, mais aussi allant vers le violet, le mauve ou le presque bleu. Ces couleurs sont unies ou s’allient au blanc. Elles arborent parfois même, un revers de pétale plus soutenu que l’envers. Rien que par la couleur, ce sont déjà des bijoux.

Mais, elles se distinguent également les unes des autres par la forme de la fleur qui va du rond, les pétales étant peu découpés, à des formes très échancrées rappelant un flocon de neige stylisé.

Les japonais ont toujours été les grands spécialistes de l’espèce. Pour cette raison, il vous faudra nommer votre préférée d’un nom japonisant qu’il ne vaudra peut-être mieux ne pas traduire pour ne pas regretter d’avoir payé 30$ pour une plante qui s’appelle « Il a une petite taille »  ou « Fumée de sumo ».

Cependant les variétés les plus répandues ont des noms plus accessibles comme la blanche ‘Snowflake’ ou la rose ‘Geisha Girl’.

Primula sieboldii (Rose dentelé – Semis Nov 2016)

Les soins

Ce sont vraiment des primevères faciles, dès lors que vous leur apportez une humidité permanente mais non excessive. Elles aiment donc un sol humifère et un paillis épais permettra de garder l’humidité qu’elles revendiquent. Au pire, si le sol sèche trop, elle entrera en dormance, mais vous reviendra fidèlement au printemps suivant. Mais, ce n’est pas l’idéal si vous souhaitez une longue floraison et la voir s’étendre.

Où les trouver ?

Malheureusement, on ne les trouve pas beaucoup en jardineries. Si vous la demandez, on risque de vous regarder bizarrement, surtout si vous cherchez une « fumée de sumo de petite taille ». Rappelons-le, la libéralisation du cannabis ne veut pas dire qu’on peut en mettre en plate-bande !

Cependant, avec plusieurs amis et filles, on a fait une importation de magnifiques Sieboldii de Barnhaven l’été dernier. Donc, courez les échanges, apportez vos plantes introuvables, on va s’organiser!

En attendant, je vous partage visuellement les miennes sur ce site, ici-même.

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2/2 Les Primula auricula et pubescens

Primula auricula 'Hinton Admiral'

Les Primula auricula de collection ou Show Auricula

On a déjà abordé les auricules de bordure et les auricules alpines. Mais il existe une classe d’aristocrates, celle des Primula auricula de collection, ou « Show Auricula » comme on dit outre-Manche. Ces divas se répartissent en 4 groupes :

Les « Show Self »

Les pures se distinguent par un pourtour de pistil et étamines blanc farineux (« farina ») immaculé et des pétales en pourtour de couleur unie (rouge à brun, jaune, bleu, violet, mauve, orangé). On la protège de la pluie pour éviter que le farina ne fonde sous l’eau comme un rimmel de Pierrot.

Les « Striped »

Rayées ou panachées, selon la traduction retenue. Cette classe eut son moment de gloire, comme le relate Barnhaven « Les auricules rayées furent extrêmement populaires à la fin du 17ème siècle, à un tel point que les plantes rayées se vendaient à des prix exorbitants. On trouve trace en Angleterre d’une double rayée violet et jaune vendue au prix de £20 l’équivalent d’environ €1500 aujourd’hui (plus de 2000 $ canadiens) ! Elles connurent une très grande popularité en Allemagne, en France et aux Pays-Bas jusqu’au 19ème siècle. En 1659, Friedrich von Schleswig-Holstein-Gottorf en Allemagne a fait peindre sa collection entière de fleurs dont des auricules rayées et doubles. Charles Guénin dans le premier livre en français dédié aux auricules : Le Traité de la culture parfaite de l’oreille d’ours ou auricule’ publié en 1732  en fit mention et donne une liste de tous les collectionneurs en France et aux Pays-Bas qui organisent des visites de leur collection d’auricules ». Par chance, grâce à des amateurs et des compagnies comme Barnhaven, elles sont parvenues jusqu’à nous.

Les « Edged »

Ou liserées sont des mutations de pétales qui prennent l’aspect de feuilles dans des tons de verts, gris ou blancs poudrés. Elles sont parmi les plus prisées, mais pas de tous (notamment un certain Daniel Y. R. de Bois-des-F. y trouve des reflets de…. Mais bon, J-C n’apparût pas à tout le monde non plus). Les fleuristes la définirent comme l’auricule anglaise. Et on l’aime pour ses bordures vertes ou grises, farinées ou non. Bien sûr, la fleur ne supporte pas la pluie et devra montrer son « show » dans un théâtre.

Les « Fancy »

Fancies ou spéciales, ce sont les hors-catégories des autres classes, ou qui surclassent les autres, par une multiplicité de couleur et/ou une abondance de poudre, les rejetées des autres catégories.  Elles sont dans une classe à part, les auriculas queer, en quelque sorte.

 

Les Théâtres d’auricula

Au 17 ou au 18ème siècles apparurent les théâtres d’auricules. Il s’agissait de meubles ou d’étagères permettant d’exposer les auricula de collection tout en les protégeant des intempéries. Constitués de simples planches, de la récupération d’un vieux meuble et jusqu’au plus grand théâtre anglais, il suffit de laisser aller son imagination (et son bon goût) pour abriter et laisser admirer notre collection lorsque les pots sont en fleurs.

Pinterest vous donnera plusieurs idées pour devenir vous-même le propre metteur en scène de vos plantes.

Dès cet été, je vous montrerai mon installation… à laquelle je réfléchis toujours.

Théâtre d'auricules
(Source Internet)

Où trouver des semences (ou des plants) ?

Je vous ai convaincu, les Primula auricula sont devenues pour vous des YMLFO (prononcez : « Y’me’l’faut ») ? La meilleure place, pour les auricules, comme pour toutes les primevères, c’est Barnhaven ! Ils ont les lignées de plantes et de semences sélectionnées dont vous avez besoin pour débuter votre collection. Le service est courtois et rapide… et, surtout, quel choix!

Et, si vous êtes prêt à payer un peu plus cher pour des plants sélectionnés, il suffit de demander un certificat d’importateur. Le coût de 35$ s’ajoutera à votre prix de revient, mais ça en vaut vraiment la peine. Ce n’est vraiment pas compliqué : ici.  Une fois que vous avez votre numéro d’importateur, vous le communiquez à Barnhaven après avoir commandé. Ils demanderont alors un certificat phytosanitaire (une dizaine d’euros) et nettoieront les plants pour ôter toute trace de terre. Ceci a un coût, mais vous assurera de plants sélectionnés et nommés.

Encore, vous pouvez vous joindre à une commande de groupe profitant ainsi de mon certificat d’importateur. On commande à plusieurs pour une livraison à la mi-mai. On partage la facture au prix coûtant et je n’ajoute que 5$ par plant pour l’empotage à l’arrivée et le soin donné aux plantes avant livraison. La commande 2018 est déjà partie, mais si vous voulez profiter de la commande pour 2019, il n’est pas trop tard. On commande en hiver.

Mais, pour commencer, essayez-donc les Primula pubescens. Si votre jardinerie n’en offre pas, démarrez-les par semis. Pour quelques euros, Jelitto vous enverra suffisamment de graines pour obtenir une cinquantaine de plants. De quoi faire plein de fleuristes heureux !!!

 

 

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1/2 Les Primula auricula et pubescens

Des plantes alpines

Ces primevères originaires des Alpes sont exceptionnelles par leurs feuilles charnues, mais aussi par leurs floraisons si originales et qui offrent dans une même espèce à peu près toutes les couleurs possibles pour une plante.

Finissons-en rapidement avec la science botanique : la Primula auricula est une plante des Alpes (françaises, autrichiennes, allemandes) à la fleur jaune citron. La Primula pubescens est un croisement obtenu par des jardiniers de cette même P. auricula avec la P. lutea (tout aussi jaune, mais d’Alpes plus orientales et méridionales). Cependant, les variétés que l’on trouve aujourd’hui, n’ont guère de rapport avec les espèces sauvages. Les auricules actuelles sont issues de lointains croisements avec la Primula hirsuta (ou hérissée). Celle-ci étant rose, on soupçonne que ce sont ses gènes qui donnent les couleurs variées qu’on connaît aujourd’hui.

Toutefois, on se rappellera des origines montagnardes quand il s’agit de leur prodiguer des soins.

Tout aussi rapidement, rappelons que leur nom commun est « Oreille d’ours » à cause de la forme arrondie et velue du feuillage. Mais, on préférera le nom d’ « auricule » qui est tout de même plus original et unique (car le Stachys byzantina se voit affubler du même nom commun).

 

Toute une histoire méconnue

On a toujours dans l’idée que l’horticulture moderne est contemporaine et que nos cultivars proviennent de nombreuses manipulations, génétiques ou autres. Ne regarde-t-on pas tous, les nouveautés de l’année! Toujours à l’affût ? Eh bien, l’histoire des auricules a commencé au XVIème et au XVIIème siècle. Quelques observateurs allumés ont su polliniser des espèces différentes et faire des sélections alors que les théories génétiques de Mendel n’existaient pas. Ils faisaient de la poésie jardinière sans même en établir les règles. Ces brillants sélectionneurs étaient nommés des fleuristes, ceci bien longtemps avant que ça devienne un commerce ayant pignon sur rue.

De Vienne, l’auricule a conquis toute l’Europe dont la cour de France et surtout l’Angleterre, berceau, s’il en est, de l’horticulture.

L’apogée des auricules a eu lieu au XIXème siècle avec plus de 1000 variétés, notamment en Belgique, où Liège a été le cœur de cet engouement. Honnêtement, à une époque où la photographie en couleur n’existait pas, on peut douter du chiffre. 1000 noms, certainement, mais aussi d’énormes ressemblances, sans doute.

De cette époque sont nés aussi les « Théâtres d’auricules » : on présente sur 5 ou 6 niveaux les auricules devant un fond peint, sur un balcon ou devant une fenêtre.

Ceci n’est pas sans rappeler la tulipomanie hollandaise qui sévit 2 siècles plus tôt. Mais, au fond, il vaut mieux préférer la spéculation florifère à la Bourse, n’est-il pas ?

Cette mode malheureusement déclina avec la crise économique de 1929 et on ne dénombre plus maintenant que 200 variétés. Mais,  ça reste suffisant pour ruiner n’importe quel jardinier ou collectionneuse…

De nos jours, ce sont surtout les Sociétés de Primevères et Auricules de Grande-Bretagne qui tiennent le haut du pavé. Pour le Québec, l’American Primrose Society, dont on trouve les amis (à l’échelle planétaire) dans le groupe « Primula Lovers », est un incontournable sur Facebook.

Pour plus de détails historiques, on lira avec intérêt l’article du site de Barnhaven.

 

De la facilité à l’exception

Question : votre visiteur insouciant (ou indifférent) devant votre jardin ne fait aucune distinction entre vos oreilles d’ours « Exhibition Blue »  et « Blue Yodeler » ? Que lui conseiller ?

Je lui dirai d’aller au village, d’acheter une bonne bouteille de vin (ou un six pack de micro-brasserie) et on la dégustera en parlant de chars (ou de musique, préférablement)!

Car, on parle, d’une part, d’une plante facile Primula pubescens ‘Exhibition Blue’ que j’ai pu trouver dans une petite (mais originale) jardinerie de Mont-Joli (Centre de Jardinage de Mont-Joli), et, d’autre part, d’un plant d’auricule alpine livré de France après s’être enregistré comme importateur officiel de primevères.

Le saviez-vous ?  Nonobstant le fameux certificat d’importateur, limité à certaines espèces, certains exportateurs, certaines destinations, il faut que l’expéditeur paye pour un Certificat phyto-sanitaire et nettoie les plants de toute trace de terre. L’agrile du Frêne, la coccinelle asiatique, le doryphore, ils ont voyagé comment selon vous ? Entéka, pour moi ce sont surtout des barrières douanières et tarifaires…

Donc, comme je l’ai fait, je conseille de commencer par les primevères pubescentes qui sont des primevères vigoureuses. Bien sûr, elles sont alpines et ne toléreront pas l’eau stagnante. Mais, elles se plairont vraiment en bordure de plate-bande mi-ombre, là où les pluies sont drainées naturellement vers la pelouse.

Si vous ne trouvez pas de primevères pubescentes en jardinerie, exigez-les! Sinon, partez-les en semis, elles sont faciles et Jelitto en offre une belle variété.

En graduant vers la difficulté, il y a la Primula auricula « Border » ou de bordure ou les « Alpines » et les doubles. Plus on va dans la difficulté, plus la primevère a de petites feuilles, et moins elle croît rapidement. Elle se pare aussi de poudre, comme les cocottes de bord.l. Cela la rend plus fragile et sensible à la pourriture. Mais, à mon avis, la Border adulte n’est pas plus fragile qu’une pubescente. Elle sera juste plus petite et sa floraison nécessitera juste un peu plus de s’effouérer devant elle pour l’admirer. Mais leur beauté le mérite vraiment.

Au Québec, on ne trouve pas les P. auricula « Border » en magasin, même en les exigeant, c’est dommage. Même chose pour les alpines ou les doubles . Mais vous pouvez les semer. Il faut être patient, attendre une période au frigo de 2 mois, et, ensuite, une croissance sous néons qui est bien lente (je le rappelle, ne sautez pas les étapes, commencez par le semis de pubescentes pour acquérir de l’expérience). On les manipule au début presqu’à la pince à cils, mais avec des soins attentifs, c’est un semis que je qualifierais d’assez facile.

18 mois après le semis vous aurez de magnifiques auricules de bordure, alpines ou doubles (1 chance sur 4 pour ces dernières)  que vous pourrez montrer à un nouveau voisin déjà plus connaisseur. Pis, si c’est une fille, elle aimera encore plus, croyez-moi.

Comme elles sont obtenues par semis, il sera nécessaire que vous effectuiez une sélection. Les plants aux couleurs blafardes ou mal assorties devront être éliminés. Le jardinage est parfois un crève-cœur.

Pour les alpines, il faudra respecter les critères. Celles-ci se déclinent suivant la couleur du centre de la fleur (centre clair ou centre doré). Elles ne doivent pas avoir de farina (poudre) sur la fleur ni les feuilles, mais la tige peut être farinée. Les pétales doivent avoir un dégradé plus foncé en allant vers le centre. Les alpines à centre clair, blanc ou crème, se déclinent dans les couleurs bleu, violet, mauve ou rose. Les alpines à centre doré (ou jaune) arborent des couleurs foncées qui s’éclaircissent vers la périphérie des pétales : la gamme est rouge foncé, marron ou crème brûlée.

Donc, vous avez déjà essayé :

  • les Primula pubescens, elles sont exubérantes et généreuses, un cœur crème entouré de jaunes, de violets ou mauves, généralement dans les tons pastels…
  • les Primula auricula « Border » et « Alpine », leur taille plus modeste et leurs fleurs tellement plus délicates. Et tous ces tons issus d’un même semis.

Vous les avez tellement réussies que vous avez fait des divisions (après avoir sélectionné les plus beaux spécimens) pour partager avec votre voisine,  ou votre voisin, au sourire si charmant. Eh oui, ce sont des plantes qui se méritent.

Vous voilà donc prêt pour les auriculas de collection que nos amis anglophones, appellent « Show auriculas ».

Commence alors un autre chapitre de notre conte… (comme dirait Kim Yaroshevskaya, alias Fanfreluche)

 

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Plantation et Soins des Primevères

Le sol idéal pour les primevères

Toutes les primevères poussent mieux dans un sol neutre/légèrement acide. Elles aiment une position à mi-ombre avec de grandes quantités de matières organiques (compost, feuilles déchiquetées). Elles peuvent supporter un sol alcalin et pauvre comme les plantes annuelles, si vous les faites pousser partiellement à l’ombre et incorporez le plus d’humus possible, – mais elles ne pousseront pas aussi bien et ne formeront pas de grosses touffes. Plantez-les dans un sol enrichi en compost et arrosez les premières semaines si le feuillage semble se ramollir. Une fois installées, elles seront sans troubles.

La culture des Primevères (Polyanthus…)

Les primevères sont des vivaces très résistantes et supportent de nombreuses conditions, mais les plantes sauvages dont elles sont issues proviennent des sous bois et donc les fleurs seront les plus épanouies dans un sol riche en humus et bien drainé, Il ne doit jamais s’assécher totalement, sans être détrempé. Le lieu idéal serait sur une pente aux pieds des arbres feuillus ou dans un endroit faisant face au nord-est. Le plein soleil sur un feuillage gelé, un emplacement inondé en hiver trop longtemps, les conditions gel/dégel alternés, ou des conditions chaudes et sèches en été sera généralement fatal.

Une bonne couche de neige en hiver est la meilleure protection. Diviser les plantes tous les 2 à 3 ans peut aider aussi et c’est une obligation pour les doubles. Pour obtenir les meilleurs résultats, nourrissez les plants avec une solution faible d’engrais de tomate tous les 15 jours du moment où les bourgeons commencent à se former jusqu’à l’ouverture des premières fleurs. Un engrais de « remerciement » lorsque la floraison est terminée est recommandé, mais ne le faites pas trop tard dans la saison et n’utilisez pas un engrais riche en azote. Les engrais de fumier de poule (Actisol) sont les plus adaptés et ne brûleront pas votre plant.

Auricules de jardin (Auricula Border ou Alpines)

Les auricules de jardin sont faciles, vivaces et très rustiques. Les faire pousser en pleine terre, avec, si possible, de l’ombre au moment le plus chaud de la journée. En pots ou en terre, ajouter de l’humus et du gravier fin ou du sable afin de conserver un bon drainage de l’eau. En automne, une poignée de gravier autour de chaque plante aidera à les protéger contre la pourriture. Tous les deux ou trois ans ou au moment ou la ‘carotte’ des racines devient visible, il est conseillé de les déplanter, les diviser et les replanter avec le cœur de la plante au ras du sol.

Note :

Ces plantes, pour la plupart, sont issues de semences européennes sélectionnées (Barnhaven, Jelitto). Elles sont garanties résister à nos hivers québécois (jusqu’en zone 3). Étant hybrides, il se peut que vous obteniez des fleurs légèrement différentes du cultivar, mais elles seront toujours jolies.
Lorsqu’elles sont issues de divisions, cela est précisé. 

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4/4 Les primevères d’été

Lorsque les P. polyanthus terminent leur floraison, c’est le début pour les primevères qui nous viennent d’Asie ou des Alpes. On les surnomme souvent primevères candélabres car leur floraison s’étage sur plusieurs niveaux, parfois jusqu’à 5. Un véritable feu d’artifice. Que ce soit, la Primula pulverulenta

Primula pulverulenta (15/06/2017)

La primula alpicola alba toute en délicatesse

Primula alpicola alba (29/06/2017)

ou mauve

Primula alpicola (29/06/2017)

Fin juin, explosent aussi les P. beesiana alba

Primula beesiana alba (30/06/2017)

ou fuchsia

Primula beesiana « fuschia » (15/06/2016)

Les Primula florindae émerveillent aussi notre regard avec leurs hampes florales si hautes, la plus grande des primevères

Primula florindae (30/06/2017)

Et l’été se termine avec le commencement de la floraison de la Primula glomerata, qui ne cessera de fleurir qu’avec la première neige. Son allure globulaire n’est pas sans rappeler la boule de la première primevère printanière, la P. denticulata.

Primula glomerata (26/08/2016)

La boucle est bouclée, il est temps de commencer à regarder les catalogues de graines… de primevères pour préparer la prochaine saison.

Dernière minute :
Malgré tous nos efforts, les P. très respectueuses que sont les auricula et les sieboldii, ont refusé de partager leur vécu avec les pauvresses de cette série d’articles (c’est le terme utilisé dans leur communiqué). Il a été convenu qu’un prochain numéro fera toute la lumière sur ces illuminées.

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3/4 Quelques primevères pour sortir du rang

Mais voilà, on digresse, on s’épivarde, on ne sait plus où poser l’œil, et on en oublie, la première des primevères, celle qui éblouit alors que les crocus commencent à peine à faner, la délicieuse Primula denticulata, sa floraison sphérique est féerique, en blanc, rose ou violacée,

Primula denticulata ‘Blue Selection’ (16/05/2016)
Primula denticula ‘Ruby’ (17/05/2015)
Primula denticulata var. alba (09/05/2017)

Et, revenons aux polyanthus, s’il faut en finir, ce sera avec celle qui m’a fait devenir complètement accro, P. ‘Green Lace’. On aime sa fleur verte ou pas. Si on aime, on est chanceux, car elle est une des primevères les plus florifères.

Primula ‘Green Lace’ (18/06/2015)

Parmi les jolis coucous, il y a P. urumiensis

Primula urumiensis (31/05/2015)

Et les rares canadiennes, P. laurentiana  ou P. mistassinica  pour votre jardin alpin, tellement délicates.

Primula laurentiana (31/05/2015)

Primula mistassinica (21/05/2015)

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