Publié le Laisser un commentaire

Des divisions pour multiplier vos Primulas

Pourquoi diviser ?

Après les multiplications par semis, voici le temps de multiplier par division. Le gros avantage de diviser les primevères c’est qu’on obtient des plants identiques au plant-mère, ce qui n’est pas toujours possible avec un semis : un semis de Primula polyanthus ‘Yellow Cowichan’ vous donnera toujours une superbe Cowichan jaune. Mais si vous faites la même chose avec une Primula polyanthus ‘Tango’, vous obtiendrez une variabilité assez importante car le cultivar est beaucoup moins fixé (et plus multicolore) qu’une Cowichan.

Ensuite, la division est quasiment gratuit puisqu’on a déjà la matière première et que le bac, le dôme et les pots sont réutilisables à l’infini.

Et, point important, notamment pour les primevères doubles, il est nécessaire de diminuer la taille des plants pour stimuler la floraison, car , mine de rien, le plant finit par épuiser le sol et s’étouffe lui-même.

Alors, je vous propose une méthode simple et efficace pour faire de belles talles de la même plante et en offrir à vos collègues jardiniers.

Il faut procéder au printemps !

Non seulement il faut agir au printemps, mais on divise quand le plant est encore en fleurs. Ainsi, au lieu d’utiliser son énergie à la floraison et à la fructification, le plant fera des feuilles et des racines en abondance. Pas le temps de penser à la galipote, la plante va croître pour survivre et profiter d’une belle terre neuve. De plus, les primevères s’épanouissent au printemps. Ce n’est pas arrivé en été, et avec les grosses chaleurs que vos divisions vont prospérer. Non, c’est drette là ! Au Québec, ça veut dire fin mai, début juin. N’attendez pas plus, car les grosses canicules peuvent affaiblir vos tendres bébés. Et surtout comme l’automne arrive bien trop vite, il est prudent que vos divisions atteignent une croissance maximale avant le premier gel.

Choisir la primevère qui en vaut la peine

On fait donc le tour des plates-bandes et repère un plant de deux ou trois ans, assez dodu. Le chiffre 3 me semble convenir à toutes les Primula polyanthus, acaulis (ou vulgaris). Ou 2 pour les veris qui croissent plus vite. Je n’aborde pas ici les primevères candélabres qui se ressèment seules et ne nécessitent pas de division. Pas plus que les auricules qui sont du monde des divas et qui mériteront une publication pour elles seules.

Alors voici l’objet de ma démo, une jolie primevère double rouge. Elle ressemble un peu à la ‘Belarina® Valentine’. Mais sa fleur est bien plus haute sur le plant. En plus, elle est autorisée à la multiplication puisqu’elle provient d’un semis que j’ai moi-même sélectionné. Les semences provenaient de Barnhaven, LE grand grainetier des primevères. Ce plant n’est pas Jack-in-The-Green, comme ‘Belarina® Valentine’, mais qui le voit vraiment puisque la fleur est engoncée dans les feuilles ? De plus la double rouge de Barnhaven a une corolle perlée sur les bords, son rouge est vif et devient plus cramoisi au fil des semaines. Très humblement, je l’appelle Primula double « Petit-Sab’ Rouge Perlé » :

Primula double « Petit-Sab’ Rouge Perlé » (semis Barnhaven) – Début de floraison

Quand il faut y aller

Quel drame de devoir interrompre une si jolie floraison, mais après en avoir profité deux semaines , il est temps de penser à toutes les personnes que vous allez gâter. Voici le plant juste avant la division, en place et aussitôt sorti avec une petite pelle :

Primula acaulis double « Petit-Sab Rouge Perlé » (05/06/2019) avant division
Extraction de toute la motte

On nettoie ensuite le plant-mère du trop-plein de terre et du paillis qui est à la base, ce qui permettra de mieux distinguer les séparations naturelles entre les mini-plants qui constituent la motte.

On coupe entre 2 plants naturels

Après une 1ère division, on obtient deux demi-mottes

2 plants

La suite, vous la devinez ? On coupe, coupe et recoupe, toujours entre les rosettes de feuilles en prenant soin qu’il reste toujours une ou plusieurs racines attachées à la rosette. On peut aussi essayer de séparer les rosettes dont les racines sont entremêlées en tirant doucement, mais fermement. Voilà ce que ça commence à donner :

3 futurs plants

Et finalement 12 beaux petits plants du même plant-mère :

Et finalement 12 plants depuis un même plant-mère

Dans l’opération vous pouvez constater que toute la terre est finalement parti du plant et aussi la plupart des racines. Pas de problème, le principal est que chaque nouveau plant ait au moins une racine plus charnue ou au moins un début de racine formée.

Coupe rafraîchissante

Le massacre n’est pas fini, car il faut maintenant réduire chaque plant pour lui donner toutes les chances de reprise. En effet, la réduction drastique du système racinaire a affaibli le plant et trop d’évaporation foliaire tuera assurément le plant si on replante tel quel. Ce n’est pas non plus le moment de fleurir ou tenter de fructifier. Donc, on coupe les feuilles de moitié (environ) et on ne garde qu’une jeune feuille intacte au centre de la rosette, si il y en a. On pourra aussi couper les racines si elles sont trop longues. Rien ne sert de garder une longueur de racine qui dépasse la profondeur du pot. On coupe donc allègrement avec une bonne paire de ciseaux. On obtient des plants pas mal réduits, mais qui redémarreront plus vite si ils n’ont pas trop de vieux feuillage à supporter.

Voici les 12 plants prêts à rempoter :

Taille à mi-feuille ou plus court si besoin

Rempotage

Pour le rempotage, on mélange la terre prélevée avec la motte à du terreau Promix. Un peu de fumier de poule au fond du pot, une couche de terreau, une grosse pincée de mycorhizes et à nouveau du terreau pour remplir le pot. On plante la division en enterrant à peine le collet, on ajoute du terreau pour que le plant soit bien maintenu mais sans trop tasser non plus. Je mets ensuite mes pots dans un pouce d’eau (2-3 cm) pour bien humecter pendant 10-15 minutes. Ainsi les pots n’auront plus besoin d’arrosage pendant 2 ou 3 semaines.

Trempage après empotage

À noter qu’ici j’ai utilisé des pots de 5″, pour ne pas avoir à faire un nouveau rempotage en août au cas où les nouvelles plantes ne trouvaient pas leur place en plates-bandes. Mais des pots de 3.5  » feront aussi bien l’affaire. Dans ce cas, il faudra transplanter quand la plante sera à l’étroit.

Mise sous dôme et suivi

Il est important de limiter l’évaporation pour permettre aux jeunes plants d’utiliser leur énergie à former un nouveau système racinaire et de nouvelles feuilles. Pour cela, on peut utiliser un dôme transparent et un plateau qui enfermera les pots dans une atmosphère humide plus facile à contrôler. Placer le tout à l’ombre pour éviter trop de chaleur qui cuirait les plants. Au bout de quelques jours, on verra de nouvelles feuilles apparaître. 8 à 15 jours après la division le dôme pourra être enlevé et on pourra mettre les pots pour les acclimater à la mi-ombre.

Mise sous dôme, à l’ombre, 8 à 15 jours

À suivre…

Il y aura une mise à jour de cet article pour montrer l’évolution de cette division.